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                                          NEW'S-TABAC

 Le tabagisme en prison : c’est la double peine !

 JIM13 août 2014  Références

Binswanger IA et coll. : Prison tobacco control policies and deaths from smoking in United States prisons: population based retrospective analysis. BMJ 2014 ; 349 : g4542. Publication le 5 août 2014.

 

L'on apprend régulièrement que des détenus ou d'anciens détenus veulent saisir la justice pour avoir été exposés contre leur gré à la fumée de tabac. Il y a quelques années, la Cour européenne des droits de l'Homme avait même donné raison à un ancien prisonnier roumain dont l'un des griefs était d'avoir été « confiné avec des détenus fumeurs ». Dans les prisons françaises, s'il est interdit de fumer dans les espaces communautaires, le tabac est autorisé à l'extérieur et dans les cellules. Aux Etats-Unis ou en Angleterre, de nombreuses prisons interdisent désormais complètement l'usage du tabac. Certains travaux évaluent toutefois la prévalence du tabagisme en milieu carcéral entre 50 % et 83 % et l'on conçoit que l'interdiction totale du tabagisme dans une prison soulève quelques difficultés.

Une étude réalisée aux Etats-Unis fournira des arguments à ceux qui estiment cette attitude justifiée. Les auteurs ont évalué la mortalité attribuable au tabagisme dans près de 300 prisons. La mortalité, ajustée sur l'âge, est de 360 pour 100 000, chiffre que l'on peut comparer à celui qui prévaut dans la population générale, qui est de 248 pour 100 000. Les causes de décès les plus fréquentes sont le cancer du poumon, les coronaropathies, les pathologies cérébro-vasculaires et les bronchopathies chroniques obstructives.
Entre 2001 et 2011, le nombre de services pénitentiaires ayant totalement banni le tabac de leurs établissements est passé, aux Etats-Unis, de 25 (sur 50) à 48 et les prisons qui ont réellement appliqué cette mesure ont vu la mortalité en lien avec le tabac réduite de 9 %. Dans les prisons où l'interdiction de fumer est instaurée depuis plus de 9 ans, la mortalité par cancer a été réduite de 19 %.

L'interdiction de fumer en milieu carcéral s'accompagne aussi bien entendu d'une amélioration de la qualité de l'air et d'une réduction du tabagisme passif, avec comme corollaire des effets positifs sur la santé du personnel pénitentiaire. Les auteurs remarquent toutefois que, s'agissant d'une mesure limitant l'autonomie des détenus, elle devrait être mise en place avec un accompagnement, de type substituts nicotiniques et thérapie comportementale. Notons que, si le tabagisme pose un problème particulier dans ce milieu confiné, il n'est certes pas le seul problème auquel doit faire face la médecine pénitentiaire

 

  Méfaits du tabac de "nouvelles" pathologies ?JIM 17 02/ 2015

De grandes études épidémiologiques conduites après la seconde guerre mondiale, notamment aux Etats-Unis et au Royaume Uni, ont permis d'établir l'implication du tabac dans 21 causes de décès (12 types de cancer, 6 catégories de maladies cardiovasculaires [MCV], le diabète, la broncho-pneumopathie chronique obstructive [BPCO] et les pneumonies).

Cependant les travaux les plus récents menés sur des populations très larges, comme la Million Women Study au Royaume Uni laissent penser que ces 21 pathologies ne peuvent expliquer à elles seules la totalité de la surmortalité observée chez les fumeurs (estimée à 480 000 par an aux Etats-Unis par le Surgeon General).

Pour mettre en évidence des causes plus rares de mortalité ayant éventuellement un lien moins étroit avec le tabagisme, il est indispensable de disposer de données portant sur des cohortes encore plus importantes suivies sur une longue durée.

Près d'un million de sujets de plus de 55 ans suivis 11 ans. C'est pourquoi sous l'égide de l'American Cancer Society, un groupe multidisciplinaire américain a entrepris de regrouper les résultats de 5 études de cohortes américaines conduites entre 2000 et 2011 sur une population totale de 421 378 hommes et 532 651 femmes de plus de 55 ans.

 

Durant ces 11 années de surveillance, 181 377 décès ont été enregistrés dont 16 475 parmi des fumeurs "actuels" ; 17 % de la surmortalité constatée chez les fumeurs ne pouvaient être attribués aux 22 pathologies dont le lien avec le tabac est connu. En comparant la mortalité par diverses autres affections chez les fumeurs et les non fumeurs, les chercheurs ont pu déterminer pour chaque pathologie étudiée un risque relatif de décès chez les fumeurs (ajusté par l'âge, l'ethnie, le niveau d'éducation, la consommation d'alcool, et la cohorte dont les données étaient issues).

Une mortalité par cirrhose semblant multipliée par 3 chez les fumeurs

Il a été ainsi possible de déterminer que le risque relatif de décès chez les fumeurs (comparé à celui des sujets n'ayant jamais fumé) était significativement accru pour les pathologies suivantes (l'intervalle de confiance à 95 % étant donné entre parenthèse) :

- Ischémie intestinale :                         6 (4,5-8,1)
- Cirrhose hépatique :                          3,1 (2,6-3,7)
- Cardiopathie hypertensive :             2,4 (1,9-3)
- Infections de tous sites :                   2,3 (2-2,7)
- Insuffisance rénale :                           2  (1,7-2,3)
- Maladies respiratoires                       2 (1,6-2,4)
- Cancer de la prostate :                      1,4 (1,2-1,7)
- Cancer du sein chez la femme :        1,3 (1,2-1,5).

En outre les mortalités liées à des maladies rares (dont des cancers), aux autres maladies digestives, à l'hypertension essentielle et à la néphropathie hypertensive sont apparues significativement supérieure chez les fumeurs. 
Pour certaines de ces pathologies, une relation effet dose entre le nombre de cigarettes fumées et la surmortalité a pu être mise en évidence (infections, cancer du sein et insuffisance rénale). De plus chez les anciens fumeurs tous ces risques diminuaient avec la durée de l'abstinence (à l'exception de celui de décès par cirrhose).

Au total ces diverses "nouvelles" causes de décès semblent pouvoir expliquer l'essentiel des 17 % de surmortalité observée chez les fumeurs n'étant pas en relation avec les 21 pathologies dont le lien avec le tabac était déjà avéré (16,9 % chez les femmes et 15,3 % chez les hommes).

A la recherche des facteurs de confusion

 

Ce type de travail observationnel est bien sûr insuffisant pour affirmer de façon certaine un lien causal entre le tabagisme et la surmortalité liée aux diverses "nouvelles" pathologies étudiées car le tabagisme n'était évalué que par l'interrogatoire et que des facteurs de confusion étaient possibles dans de nombreux cas (alcool, alimentation, activité physique, accès aux soins...). Il en est ainsi par exemple du lien entre décès par cirrhose hépatique et tabagisme mis en évidence dans cette étude pour lequel l'influence de la consommation d'alcool (souvent associée) a pu ne pas être parfaitement prise en compte malgré les ajustements de même que celle d'éventuelles associations avec des infections par les virus des hépatites B et C qui pourraient également être plus fréquentes chez les fumeurs pour des raisons comportementales. De même pour le cancer du sein pour lequel le risque de décès parait augmenté de 30 % selon ce travail, on peut imaginer, à côté d'une éventuelle action directe sur la carcinogenèse, le rôle d'attitudes différentes vis-à-vis du dépistage entre fumeuses et non fumeuses ou de niveaux de revenus plus faibles chez les fumeuses.

Il faut peut-être aussi rappeler que certains risques relatifs retrouvés dans cette étude peuvent être considérés comme très "modestes" comparés à ceux d'autres affections dont le lien avec le tabac est établi de longue date. Ainsi le risque de cancer du poumon est multiplié par 25,3 chez les fumeurs alors qu'il ne le serait que par 1,3 pour le cancer du sein.

Pour aller plus loin d'autres études épidémiologiques plus fines sont donc nécessaires. Il n'en reste pas moins que, selon les auteurs, pour certaines de ces associations, l'existence d'une relation dose effet et la plausibilité biologique rendent vraisemblable une relation causale avec le tabac (directe ou indirecte). Il s'agit des infections, des cardiopathies hypertensives, des insuffisances rénales, des ischémies intestinales et des autres affections respiratoires.

Au total si l'on tenait compte sans réserve des données de ce travail, 60 000 décès supplémentaires pourraient être attribués chaque année au tabac aux Etats-Unis

 

Preuves des bénéfices  de la Prévention du tabagisme sur l' économie et la santé .  

Tobacco control can save billions of dollars and millions of lives. World Health Organization. January 10, 2017.http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2017/tobacco-control-lives/en/. Accessed January 10, 2017.

The economics of tobacco and tobacco control. World Health Organization and the National Cancer Institute. January 10, 2017.: https://cancercontrol.cancer.gov/brp/tcrb/monographs/21/docs/m21_complete.pdf

)Been J et coll.: Effect of smoke-free legislation on perinatal and child health: a systematic review and meta-analysis. Lancet 2014; 2) Kalkhoran S et coll.: Smoke-free policies: cleaning the air with money to spare. Lancet 2014; 

 

 

 

 

 40% des cancers sont liés au mode de vie et à l'environnement   PR Editions  2016

  • 385.0000 cas de cancers ont été diagnostiqués en France métropolitaine l'an dernier, dont 211.000 chez l'homme et 174.000 chez la femme, selon le dernier rapport de l'Institut national du cancer (INCa) relayé par Pourquoi Docteur. 149.900 décès ont été dénombrés, dont 84.500 chez l'homme et 65.400 chez la femme. 60% des cancers sont dus à l'âge et l'origine génétique et 40% à l'environnement et au mode de vie. Dont 30% au tabagisme, qui fait 47.000 morts par an. L'alcool est la 2e cause de cancer évitable, avec 15.000 décès, auquel s'ajoutent l'alimentation et l'environnement professionnel (exposition à l'amiante, aux poussières de bois ou à certains rayonnements). Mais ces dix dernières années, "les Plans Cancer [ont été] essentiellement orientés vers le soin, la prise en charge du patient, le dépistage et la recherche. En revanche, les actions de prévention ont été dotées de relativement peu de moyens", pointe le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) dans une récente analyse présentée par Egora.fr. De fait, les ventes de tabac sont reparties à la hausse au premier trimestre 2016 (+1% pour les cigarettes et +4% pour le tabac à rouler), selon le récent tableau de bord de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, reprend Pourquoi Docteur. "Soit le nombre de fumeurs a augmenté, soit il est resté stable mais les fumeurs consomment davantage", indique Aurélie Lermenier Jeannet, chargée d'études à l'OFDT.

 

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49.000 morts dus à l'alcool: l'Etat taxé de complicité               PR Editions   15 juin 2016

 

La consommation d'alcool entraîne 49.000 décès prématurés chaque année, dont un quart chez des jeunes de 15-34 ans, rappelle la Cour des Comptes. Dans son rapport, l'instance accuse l'Etat de "complicité" au vu de sa faible implication: réglementation de la distribution inadaptée, assouplissements de la loi Evin sur la publicité, recul du dépistage de l'alcool au volant..., relèveEgora.fr. L'instance pointe notamment la "norme" française d'une consommation tolérée (trois verres quotidiens pour les hommes et deux pour les femmes) qui s'opposerait à une consommation excessive, alors que les risques commencent dès le premier verre, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La Cour recommande de renforcer le rôle des généralistes et des médecins du travail, en incluant le RPIB (repérage précoce et intervention brève) dans la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP), en créant une consultation longue de repérage et de prise en charge des addictions, et en développant des prises en charge partagées entre médecins et infirmiers cliniciens, indique Le Généraliste.

 

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Cigarette ou e-cigarette ? Qu’importe, les jeunes qui y ont recours ont un comportement de vie plus à risque

 

Demissie Z et al.  Adolescent Risk Behaviors and Use of Electronic Vapor Products and Cigarettes. Pediatrics. 2017;139(2):e20162921. DOI: 10.1542/peds.2016-292

 

Cigarette ou e-cigarette ? Qu’importe, les jeunes qui y ont recours ont un comportement de vie plus à risque 6 févr. 2017 

La consommation de tabac par les adolescents reste un problème de santé publique dans les pays industrialisés. Aux États-Unis par exemple, les chiffres montrent que les lycéens consomment de moins en moins de cigarettes, mais ce constat est contrebalancé par d'autres mettant en exergue le recours croissant aux e-cigarettes et autres dispositifs électroniques de consommation de tabac. Une étude a ainsi décrit que 16% des lycéens utilisaient des e-cigarettes en 2015, contre 1,5% en 2011. Or, ces dispositifs exposent à un risque d'addiction à la nicotine et à ses conséquences (perturbations du développement cérébral, évolution vers un tabagisme classique).Des chercheurs se sont intéressés à la place du tabagisme parmi les autres comportements impactant la santé des jeunes. Il ont notamment décrit qu'il était souvent associé à la consommation d'alcool et de drogues, à la pratique d'activités sexuelles à risque et à des difficultés scolaires. En revanche, il existe moins d'études concernant la cigarettes électronique. Celles qui sont disponibles ont surtout montré les motivations liées à cet usage et son association à la consommation d'autres substances addictives. Des chercheurs américains du CDC (Centers for Disease Control and Prevention) ont voulu compléter les connaissances sur le sujet en s'intéressant plus largement à la relation existant entre usage de dispositifs électroniques de consommation de nicotine et les comportements impactant la santé.

Résultats

L'enquête 2015 avait été renseignée par 15.624 lycéens. Parmi eux, 73,5 % n'avaient pas fumé de cigarettes ni utilisé une cigarette électronique. Les autres se répartissaient entre 15,8% d'usage de e-cigarettes, 3,2% de fumeurs de cigarettes et 7,5% de consommateurs des deux types de produits. Les garçons avaient plus fréquemment recours à ces pratiques que les filles (p=0,04), ainsi que les lycéens d’origine caucasienne et d'origine hispanique (p<0,001) et ceux des classes les plus élevées (p<0,001).D'une manière générale, ceux qui consommaient les deux types de produits fumaient plus souvent que ceux qui avaient seulement recours à la cigarette : ils étaient ainsi 12,3%, 10,7% et 10,3% à en avoir consommé 20-29 jours, 10-19 jours et 6-9 jours, contre 4,1%, 5,3% et 7,6% parmi les utilisateurs de cigarettes.Ceux qui consommaient l'une ou l'autre de ces substances avaient plus tendance à se bagarrer et à avoir tenté de se suicider (TP compris entre 1,72 et 2,87, et entre 1,86 et 4,01). Ceux qui utilisaient les deux types de produits portaient plus fréquemment une arme avec eux que les autres (TP 1,82 [IC95% : 1,30-2,56]).Par rapport aux non utilisateurs, la consommation de l'un et/ou l'autre de ces produits était aussi plus fréquemment associée à celle de l'alcool (TP : 2,62,-3,29), du cannabis (TP : 3,49-5,22), des médicaments (TP : 2,30-4,13) ou d'autres substances illicites (TP: 2,73-5,75). De la même façon, ces lycéens avaient plus souvent une vie sexuelle active (PR : 1,86-2,30) et un nombre de partenaires supérieur (PR pour ≥4 partenaires dans les 3 mois précédents : 2,35-4,60). Enfin, ils consommaient moins fréquemment des fruits et légumes et plus souvent des sodas.Ceux qui avaient recours au tabac et à la e-cigarette avaient plus souvent recours aux substances addictives et avaient plus participé à des bagarres que ceux qui ne fumaient que des cigarettes classiques.

À retenir L'usage de la e-cigarette combinée à la cigarette classique est fréquent parmi les lycéens. Ceux qui ont une consommation mixte fument plus souvent que ceux qui ne fument que l'un ou l'autre de ces produits. Par ailleurs, le recours aux dispositifs électroniques est associé à d'autres comportements à risque pour la santé.uvelle zone de texte >>