GrZ 06/04/2012
Ah la cigarette, c’est une amie que j’ai de longue date, découverte à l’âge de 12 ans, j’en ai 55 aujourd’hui, donc cela fait 43 ans que je la connais et qu’on ne s’est jamais séparée.
Il faut dire qu’elle a toujours été là avec moi dans les bons et les mauvais moments, elle ne m’a jamais abandonnée, toujours à mes côtés nuit et jour, quand ça n’allait pas elle m’appelait et me rassurait, bon sang qu’elle me faisait du bien. Vous en connaissez beaucoup des amies comme ça ?
J’ai fait sa connaissance un jour ou je ne savais pas quoi faire de mes dix doigts, j’attendais un petit copain, et je trouvais que j’avais l’air bête de l’attendre sans rien faire, je me suis dit pour avoir de l’importance et me donner de l’intelligence je vais faire comme les grandes dames je vais prendre une cigarette, il faut dire qu’elle n’a pas été mon amie de suite, car elle m’a rendu un peu malade, mais ça ne faisait rien, car elle a su me soigner et m’a donné le goût de ce bonheur que je ne connaissais pas, et là cette amitié s’est installée et on ne s’est plus quittées depuis ce jour là.
Un jour il y a une dizaine d’année, j’ai essayé de lui faire comprendre qu’elle était trop présente à mes côtés et qu’il fallait arrêter de se voir pour des raisons de santé et le prix à payer pour cette relation, qui était un luxe pour mon porte monnaie alors j’ai arrêté de la voir pendant un an et demi, mais je pensais à elle sans arrêt et j’étais devenue dépendante et accroc de notre relation virtuelle et présente en même temps, j’étais fascinée et j’adorais ce moment avec elle et je me suis rendue compte qu’elle me manquait vraiment, alors j’ai fais le premier pas et je suis allée la chercher, pour me réconcilier et lui faire comprendre que je ne pouvais pas vivre sans elle, et bien croyez moi si vous voulez, elle n’est pas rancunière, elle m’a reçu à bras ouvert, comme si elle savait que je reviendrais, pourtant je lui ai dit des horreurs et bien elle n’est même pas fâché, quelle grande amitié !!!!!!!!! et j’ai continué à la fréquenter encore pendant des années mais en essayant d’arrêter de la voir plusieurs fois sans jamais y arriver.
Aujourd’hui, j’ai 55 ans, depuis 3 mois je me bats pour qu’elle ne s’approche plus de moi, comment vivre sans elle, je ne pense qu’à elle, c’est trop dure, je souffre au plus profond de moi, je n’ai plus le goût à rien, je suis malade, je n’apprécie plus rien, je suis triste, je suis en colère, comment faire pour l’éloigner de moi,
Tout ce mal être qui est en moi, je dis merci à mon amie qui s’est infiltrée en moi et qui est devenue mon pire cauchemar et mon pire ennemie aujourd’hui.
Je recommence à réapprendre à vivre et à savourer la vie, je vois un ciel bleu même quand il est gris, je me suis mis au sport et apprécie chaque coin de cette nature que je ne voyais pas et tout ce que j’ai dans les poumons aujourd’hui c’est l’air pur que je respire et non cette merde qui me pourrit à l’intérieur de moi
En 2018 GrZ a réalisé à la demande de son employeur un Clip à partir de ce texte
TEMOIGNAGES DE FUMEURS PRIS DANS LES MEDIAS
-Il faut impérativement construire une politique de santé des addictions"
Le Monde.fr | 29.03.2012 à 12h30 • Mis à jour le 29.03.2012 à 12h31 par Laetitia Clavreul
-Après cet article un appel à témoignages a été lancé par le Journal Le Monde sur son site web
Une trentaine d'usagers nous ont répondu. Après les avoir recontactés, le journal publie les réponses de quatre d'entre eux
-Laurent, 42 ans, chef d'entreprise
‘’ depuis deux ans, ma consommation a sévèrement augmenté. J'achète plusieurs grammes d'un seul coup, parce que j'ai un prix. Chaque fois, j'imagine que je vais pouvoir m'arrêter, en conserver pour plus tard. Impossible : je ne lâche plus ma paille, la coke, et mon obsession du moment, Internet. Jusqu'à épuisement total du stock et de mon corps. Je peux passer quarante-huit heures sans dormir et sans décoller de l'écran. Je commence par les sites d'actualité, des plus pertinents aux plus improbables. Je termine vidé, épuisé, triste, coupable et déprimé. Je passe le reste de ma semaine à ratraper ce temps perdu :travailler, dormir, m' excuser de ne plus voir mes amis, récupérer. Ma vie est organisée autour de la cocaïne. J'ai demandé à mon comptable de modifier les codes d'accès Internet aux comptes bancaires de ma petite société. Je ne pourrai plus me verser trois salaires dans le même mois.
Matthieu, 35 ans, travaille dans le secteur du tourisme
"Issu d'un milieu plutôt favorisé et ne connaissant pas de problèmes particuliers, j'ai testé la cocaïne en France il y a une dizaine d'années, époque où elle était assez peu présente, chère et assez mal vue. J'ai connu sa démocratisation et son arrivée massive dans les soirées, un peu après l'ecstasy. A cette époque, j'étais un consommateur très ponctuel - quatre, cinq fois par an, lors de grosses soirées - à cause du coût et de la rareté. Je n'en voyais que les effets bénéfiques et j'avoue que cela me permettait de passer de meilleures soirées et lendemains. J'ai vécu ensuite en Argentine où elle est très peu chère, facile d'accès et plus forte. J'ai commencé à en consommer plus, toujours dans le cadre festif, une fois tous les quinze jours. Avec le temps, les effets lors des soirées ont commencé à s'aplanir, j'avais moins de sensations et il fallait augmenter les prises. Les lendemains sont devenus de plus en plus durs : déprime, agressivité, perte de sommeil. Jusqu'à un point où les effets négatifs ont pris le dessus sur le positif. J'ai donc cessé totalement d'en prendre, sans aucune difficulté, et sans que cela m'ait jamais manqué et je continue à avoir une vie festive."
Marie, journaliste, 33 ans,
"J'ai eu un usage très ponctuel et festif de la cocaïne il y a dix ans, lors de soirées avec des gens un peu plus âgés. A l'époque, je picolais pas mal. Et puis j'ai fondé une famille et je pensais que tout cela était derrière moi. Mais je me suis séparée à la rentrée dernière. Je me suis retrouvée célibataire, sans mon gamin trois-quatre jours par semaine, et j'ai commencé à refaire la fête un peu trop fort. J'ai repris la cocaïne en me disant : "C'est comme du bon vin, il faut s'imposer une discipline, ne pas en prendre trop souvent." Ça a commencé doucement, on m'en a proposé dans des lieux culturels alternatifs. Maintenant, je n'arrive plus à faire la fête sans, dès que je bois de ll'alcool j'en ai envie.C'est traître, on a l'impression que ça ne fait rien. La cocaïne a l'image d'une drogue de riches qui s'éclatent, mais ce n'est pas vrai. J'en suis arrivée à en prendre un gramme par semaine et à me demander si je n'en prendrais pas avant d'ller au boulot. Je suis très lucide sur les effets négatifs, mais je suis surprise par le silence des médecins quand je leur en parle. Un silence assourdissant, voire méprisant."
Alexandre, 31 ans, cadre dans la finance,
"Evacuer cette saloperie de son existence, quand vous êtes jeune, fêtard, parisien, relativement aisé, est une lutte de toutes les fins de semaine. J'ai commencé il y a trois ans, je ne sais pas vraiment pourquoi. Pour casser la monotonie des soirées alcoolisées en discothèque, pour la pêche et l'audace inouïe que ça peut donner, et le pouvoir de séduction associée. Pour le plaisir pur.
Je me rappelle mes premières soirées sympas sous coke - enfin les vingt premières : la jubilation en attendant le dealer au coin d'un bar du 17e, entre potes, le premier rail dans les toilettes, les vannes qui fusent, les filles séduites, les petits matins chez des gens rencontrés le soir même, cokés eux aussi, à refaire le monde. Et le dérapage progressif, insidieux. Un drame financier : découverts, puis dettes. Un drame pour les proches : une vie de couple brisée, avec une compagne à laquelle j'ai menti pendant trois ans pour justifier mes soirées. Un drame physique et moral : celui de l'épuisement et de l'impression d'un gouffre sans fin, et quelques petites crises de tachycardie qui auraient pu mal virer, vu les saloperies avec lesquelles tous les dealers de Paris la coupent. J'en sors à peine et je dois me surveiller à chaque apéro, à chaque moment festif, pour ne pas composer le numéro fatidique."
Commentaires ADDICT .FREE
Le tabac à priser à été un mode de consommation du tabac très pratiqué (prisé) au cours des siècles précédents (XV-IXX) il était alors inhalé par voie nasale sous forme de poudre. Aujourd’hui la cocaïne est prisée de la même façon et en quelques décennies elle est devenue en France la seconde drogue consommée après le cannabis.
Nicotine et Cocaïne sont des substances psychoactives très différentes mais douées de capacités addictives aussi fortes pour leurs consommateurs. Ceci explique, les difficultés rencontrées lors des tentatives de sevrage de ces deux drogues et la fréquence des rechutes Les témoignages rapportés sur le site du Journal le Monde montrent que le parcours de ces ‘’consommateurs’’ est peu différent de celui décrit par Prochaska pour les fumeurs, Prisonnier de leurs ambiguïté vis-à-vis de la substance addictive tous recherchent en permanence le plaisir de la consommer mais au prix d’une souffrance sans cesse renouvelée.